Page:Anatole France - M. Bergeret à Paris.djvu/398

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détruisant l’armée nationale. La réalité paraîtra moins effrayante. On ne le verra pas toujours sauver les voleurs et désorganiser l’armée. Il passera des revues. Cela vous pose un homme. Il ira en voiture. C’est plus honorable que d’aller à pied. Il donnera des croix ; il répandra abondamment les palmes académiques. Ceux qu’il aura décorés ou palmés ne croiront plus qu’il veut livrer la France à l’étranger. Il aura des mots heureux. N’en doutez pas. Les mots heureux ce sont les plus bêtes. Il n’a qu’à voyager pour être acclamé. Les paysans crieront sur son passage : « Vive le président » comme si c’était encore le bon tanneur que nous pleurons parce qu’il aimait bien l’armée. Et si l’alliance russe venait à repiquer… j’en frissonne… Vous verriez nos amis nationalistes dételer sa voiture. Je ne dis pas que c’est un homme d’un puissant génie. Mais il n’est pas plus bête que nous. Il cherche à améliorer sa position. C’est