Page:Anatole France - M. Bergeret à Paris.djvu/89

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Roupart, tourné contre le mur, lui faisait des réponses interrompues par de longs silences, pendant lesquels il prenait des mesures. C’est ainsi qu’il traita des lambris et des assemblages.

— L’assemblage à tenon et mortaise, dit-il, ne veut point de colle, si l’ouvrage est bien dressé.

— N’y a-t-il point aussi, demanda M. Bergeret, l’assemblage en queue-d’aronde ?

— Il est rustique et ne se fait plus, répondit le menuisier.

Ainsi le professeur s’instruisait en écoutant l’artisan. Ayant assez avancé l’ouvrage, le menuisier se tourna vers M. Bergeret. Sa face creusée, ses grands traits, son teint brun, ses cheveux collés au front et sa barbe de bouc toute grise de poussière lui donnaient l’air d’une figure de bronze. Il sourit d’un sourire pénible et doux et montra ses dents blanches, et il parut jeune.