Page:Anatole France - Pierre Nozière.djvu/115

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

survenue dix ans en çà, l’occupait encore ; elle gardait pour le café ses histoires de M. l’abbé Laclanche, homme excellent, mais fatigué par l’âge et l’embonpoint, qui dormait au confessionnal pendant que ma tante lui disait ses péchés. Après quoi, l’excellente femme m’envoyait coucher en me recommandant de ne pas fumer dans mon lit.

Un jour, étant seul au salon, je remuai par ennui les journaux qui se trouvaient sur le guéridon d’acajou. C’étaient des numéros de l’Indépendant, auquel ma tante était abonnée. De petit format, avec des caractères usés sur un papier trop mince, l’Indépendant avait un air de modestie qui m’encourageait.

J’en parcourus deux ou trois numéros ; le seul article littéraire que j’y trouvai, avait pour titre : Une petite sœur de Fabiola. Il était signé d’un nom de femme. Je reconnus avec plaisir qu’il était dans le genre de ma Clémence Isaure, mais plus faible. Et cette considération me détermina à porter mon manuscrit au rédacteur en chef du journal. Son nom était inscrit sous le titre : Planchonnet.

Je fis un rouleau de ma Clémence Isaure, et, sans instruire ma tante de la démarche que j’al-