Page:Anatole France - Pierre Nozière.djvu/190

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une ingénieuse équivoque, que le printemps n’est pas toujours vert, mais que la petite ville est toujours florissante. Ver non semper viret, Vernon semper viret.

Car la petite ville où je vous ai menés est Vernon. J’espère que vous ne regretterez point d’y avoir fait une courte promenade. Chaque ville de France, même la plus humble, est un joyau sur la robe verte de la patrie. Il me semble qu’on ne peut voir un de ces clochers, dont le temps a noirci et déchiré la dentelle de pierre, sans songer à des milliers de parents inconnus et sans en aimer la France d’un amour plus filial.

Ceux qui ont lu Rob-Roy (je ne sais s’ils sont encore nombreux) se rappellent la scène où la romanesque héroïne de Walter-Scott, la belle et fière Diana, montre à son cousin les portraits de famille sur lesquels la devise des lords écossais de Vernon s’étale en lettres gothiques.

« Vous voyez, dit Diana, que nous savons réunir deux sens en un seul mot. »

En effet, cette devise est exactement celle de notre petite ville. Il se peut que les vieux barons qui suivirent le duc Guillaume en Angleterre l’aient emportée avec eux. C’est une belle ques-