Page:Anatole France - Pierre Nozière.djvu/267

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avec attendrissement, une de ces bouteilles dont nous parlions tout à l’heure, qui ont le goulot soudé et dans lesquelles nagent des emblèmes en verroterie. Sans doute, la bonne femme qui fit ce présent à la Vierge noire, lui dit : « Pour votre petit, madame ! » Et, en effet, Notre-Dame de Liesse tient sur ses genoux un enfant Jésus debout et les bras ouverts. Mais on chercherait en vain dans ce pauvre trésor, où l’araignée tend sa toile, le cœur d’or apporté par l’abbesse de Jouarre, les villes d’argent apportées par les cités de Bourges, de Reims, de Mézières, d’Amiens, de Laon et de Saint-Quentin, le navire de la municipalité de Dieppe, le bras d’argent du capitaine de Hale, le navire d’Henriette de France, reine d’Angleterre, et la mamelle d’or de la reine de Pologne. Ces dons précieux ont disparu. Louis XIV fit fondre et envoyer à la Monnaie ce qui restait, en 1690, du trésor de Notre-Dame de Liesse. Il fallait sauver la patrie. Il fallait aussi la sauver en 1792. Les mêmes nécessités commandent les mêmes actes.

C’est en faisant des guérisons que la petite Notre-Dame noire du pays de Laon s’était surtout enrichie. Elle délivrait aussi les possédés. On raconte qu’une femme de Vervins, nommée