Page:Anatole France - Pierre Nozière.djvu/279

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image viendrait leur délivrance, l’appelèrent leur Dame de Liesse, c’est-à-dire de joie.

Cependant, le calife demandait chaque jour à sa fille si la conversion des trois chevaliers s’achevait heureusement, et la princesse Ismérie répondait avec prudence qu’il restait encore de ce côté quelques progrès à faire. Elle parlait de la sorte pour qu’il lui fût permis de retourner à la prison des chevaliers. Mais elle était déjà résolue à assurer leur évasion et à fuir avec eux.

Quand tout fut préparé pour l’exécution de ce dessein, la fille du calife prit les pierreries et les joyaux qu’elle put trouver dans le palais, et sortit de nuit, par une porte dérobée du jardin.

Pour juger favorablement la conduite de la princesse, il faut considérer que son père était sarrasin et mécréant, et ne point ignorer que les joyaux qu’elle emportait devaient plus tard servir à élever le sanctuaire de Notre-Dame de Liesse. Chargée de ces joyaux, Ismérie alla délivrer les prisonniers et les conduisit au bord du Nil, où il se trouva un batelier pour les passer tous quatre sur l’autre rive. Ils s’y endormirent. À leur réveil, les trois chevaliers virent la cathédrale de Laon sur la montagne et tout