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Cet escalier est de style Louis XIII, ainsi que le cloître adossé à l’église. Le culte de sainte Anne d’Auray ne remonte pas plus haut que le XVIIe siècle. L’origine en est due aux visions d’un pauvre fermier de Keranna, nommé Yves Nicolazic.

Ce brave homme avait des hallucinations de l’œil et de l’ouïe. Parfois, il voyait un cierge allumé et, quand il revenait la nuit à la maison, le flambeau marchait à son côté, sans que le vent agitât la flamme. Par un soir d’été, comme il menait ses bœufs boire à la fontaine, il vit une belle dame, vêtue d’une robe d’une éclatante blancheur. Cette dame revint plusieurs fois le visiter dans sa maison et dans sa grange.

Un jour, elle lui dit :

« Yves Nicolazic, ne craignez point : je suis Anne, mère de Marie. Dites à votre recteur que, dans la pièce appelée le Bocenno, il y a eu autrefois, même avant qu’il y eût aucun village, une chapelle dédiée en mon nom. C’était la première de tout le pays, et il y a neuf cent vingt-quatre ans et six mois qu’elle a été ruinée. Je désire qu’elle soit rebâtie au plus tôt et que vous en preniez soin. Dieu veut que j’y sois honorée. »