Page:Anatole France - Pierre Nozière.djvu/47

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parut soudain. Je la reconnus et il me souvint de ma bonne Nanette en revoyant ce pavillon étrange où des prêtres de pierre sont assis, les pieds dans la vasque d’une fontaine. C’est avec Nanette que, dans des temps vagues et d’incertaine mémoire, j’avais visité ces choses. En les revoyant, je fus saisi du regret de Nanette perdue. J’eus envie de courir en pleurant et en criant : « Nanette ! » Mais soit faiblesse d’âme, soit délicatesse obscure du cœur, soit débilité d’esprit, je ne parlai point de Nanette à Mme  Mathias.

Nous traversâmes la place et nous nous engageâmes dans des ruelles aux pavés pointus, qu’une grande église recouvrait de son ombre humide. Sur les portails ornés de pyramides et de boules moussues, çà et là une statue faisait un grand geste en l’air et des couples de pigeons s’envolaient devant nous.

Ayant contourné la grande église, nous prîmes une rue bordée de porches sculptés et de vieux murs au-dessus desquels les acacias penchaient leurs branches fleuries. Il y avait, à gauche, dans une encoignure, une échoppe vitrée avec cette enseigne : Écrivain public. Des lettres et des enveloppes étaient collées sur tous