Page:Anatole France - Pierre Nozière.djvu/52

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d’elle-même un fabuliste ingénu. Elle me faisait des contes pour m’amuser, et comme elle se sentait incapable de rien imaginer, elle les faisait sur les images que j’avais.

Voici quelques-uns de ses récits. J’y ai gardé autant que j’ai pu sa manière, qui était excellente.


l’école


Je proclame l’école de Mlle Genseigne la meilleur école de filles qu’il y ait au monde. Je déclare mécréants et médisants ceux qui croiront et diront le contraire. Toutes les élèves de Mlle Genseigne sont sages et appliquées, et il n’y a rien de si plaisant à voir que leurs petites personnes immobiles. On dirait autant de petites bouteilles dans lesquelles Mlle Genseigne verse de la science.

Mlle Genseigne est assise toute droite dans sa haute chaise. Elle est grave et douce ; ses bandeaux plats et sa pèlerine noire inspirent le respect et la sympathie.

Mlle Genseigne, qui est très savante, apprend