Page:Anatole France - Poésies.djvu/152

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me fais.
Celle qui peut blesser saura guérir, ô femme !
Et tu me seras douce et semblable au dictame.
Aimer ne trouble pas à jamais la raison ;
Quand tu seras entrée épouse en ma maison,
Nous connaîtrons la paix, le foyer, l'abondance,
L'amitié, les enfants, la tardive prudence,
Et nous vivrons pareils à deux arbres jumeaux
Qui versent l'ombre fraîche en mêlant leurs rameaux.
Mais mon père le veut : je poursuis mon voyage.
Le fils obéissant vit heureux un long âge.
Invoque en ma faveur Hespéros, astre clair.

DAPHNÈ.

J'invoquerai Jésus qui maichait sur la mer.

HIPPIAS.

Ma Daphné, gardons-nous des paroles légères ;

N'invoquons point les Dieux des races étrangères,

Car la terre natale et nos bois et nos cieux

Sont encor palpitants du souffle de nos Dieux..

On sent dans l'air sacré leurs signes, leurs présages.

Je ne quitterai point le culte des vieux sages.

Les hommes d'autrefois, qui valaient mieux que nous,

Acquittaient le tribut qu'on doit aux Dieux jaloux.

Pieux observateur des coutumes