Page:Anatole France - Rabelais, Calmann-Lévy, 1928.djvu/131

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L’axe de l’humble char à tes jeux destiné,
Par de fidèles mains avec toi promené,
Ne sillonnera plus les prés et le rivage.
Tes regards, ton murmure, obscur et doux langage,
N’inquiéteront plus nos soins officieux ;
Nous ne recevrons plus, avec des cris joyeux,
Les efforts impuissants de ta bouche vermeille
À bégayer les sons offerts à ton oreille.
Adieu, dans la demeure où nous nous suivrons tous,
Où ta mère déjà tourne ses yeux jaloux.

(André Chénier.)

En 1537, le frère du cardinal du Bellay, Guillaume du Bellay, seigneur de Langey, fut chargé d’exercer par intérim, en l’absence du maréchal d’Annebault, les fonctions de lieutenant général du roi en Piémont. Le roi de France venait de conquérir ce pays sans difficulté ; le difficile était de le garder. Langey dut mettre en état de défense Turin menacé par les Impériaux, installer dans cette ville un parlement chargé d’appliquer la loi française, pourvoir aux offices de judicature, mettre en état, dans tout le pays, les fortifications des châteaux et des villes, faire venir de France huiles, épiceries, poisson salé pour le carême, médicaments, dont le Piémont était dénué.

Maître François appelé à Turin en 1540 y exerça les fonctions de médecin du vice-roi, qui avait grand besoin des secours de son art, car Langey, ayant de peu dépassé la cinquantaine, était fort usé, et le travail surhumain auquel il se livrait achevait de ruiner sa santé délabrée.