Page:Anatole France - Rabelais, Calmann-Lévy, 1928.djvu/90

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les gens lettrés qui sont tant à Paris comme ailleurs.

» Mais parce que, selon le sage Salomon, sapience n’entre point en âme malivole, et que science sans conscience n’est que ruine de l’âme, il te convient servir, aimer et craindre Dieu, et mettre en lui toutes tes pensées et tout ton espoir ; et, par foi formée de charité, être à lui joint, en sorte que jamais tu n’en sois séparé par péché.

» Défie-toi des illusions du monde. Ne mets pas ton cœur à vanité : car cette vie est transitoire et la parole de Dieu demeure éternellement. Sois serviable à tous tes proches et les aime comme toi-même. Révère tes précepteurs, fuis les compagnies des gens auxquels tu ne veux point ressembler, et, les grâces que Dieu t’a données, ne les reçois point en vain. Et, quand tu reconnaîtras avoir acquis tout le savoir de par delà, retourne vers moi, afin que je te voie et donne ma bénédiction avant que de mourir.

» gargantua. »


Mais voici venir un personnage intéressant à connaître, car c’est un abrégé de l’humanité. Il a de grands besoins, il est ingénieux, naturellement pervers, sociable, et son âme est inquiète. C’est Panurge. Pantagruel le rencontra par aventure sur le pont de Charenton, en piteux équipage et à demi mort de faim. Panurge lui demanda l’aumône en arabe, en italien, en anglais, en