Page:Anatole France - Rabelais, Calmann-Lévy, 1928.djvu/128

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DE
THÉODULE RABELAIS
MORT ÂGÉ DE DEUX ANS

Tu demandes qui repose en ce tombeau si petit ? C’est le petit Théodule lui-même ; à la vérité en lui tout est petit, âge, forme, yeux, bouche, enfin pour le corps c’est un enfant. Mais il est grand par son père, le docte et l’érudit, versé dans tous les arts qu’il convient que connaisse un homme bon, pieux et honnête. Ce petit Théodule les aurait tous tenus de son père, si le destin l’avait fait vivre, et, de petit qu’il était, il serait un jour devenu grand.

À
THÉODULE RABELAIS
MOURANT À L’ÂGE DE DEUX ANS

Pourquoi nous quitter si tôt, je te le demande, Rabelais ? Pourquoi ce désir de renoncer aux joies de la vie ? Pourquoi tomber avant le jour, trahissant la tendre jeunesse ? Pourquoi s’apprêter à mourir d’une mort prématurée ?

RÉPONSE

Ce n’est, pas, Boysson, par haine de vivre que j’abandonne la vie ; si je meurs, c’est pour ne pas mourir à jamais. J’ai pensé que la vie avec le Christ est la seule vie qui doive être précieuse aux bons.