Page:Anatole France - Sur la pierre blanche.djvu/103

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qu’il est chef de l’assemblée des Juifs ou, comme on dit en grec, de la synagogue, et il te demande justice contre un homme de Tarse, qui, établi nouvellement à Kenchrées, vient, chaque samedi, parler dans la synagogue contre la loi juive. « C’est un scandale et une abomination, que tu feras cesser », dit le plaignant. Et il réclame l’intégrité des privilèges appartenant aux enfants d’Israël. Le défendeur revendique pour tous ceux qui croient à ce qu’il enseigne leur adoption et leur incorporation dans la famille d’un homme nommé Abrahamus et il menace le plaignant de la colère divine. Tu vois, ô Gallion, que cette cause est petite et obscure. Il t’appartient de décider si tu la retiens pour toi ou si tu la laisseras juger par un moindre magistrat.

Les amis du proconsul lui conseillèrent de ne point se déranger pour une si méchante affaire.

— Je me fais un devoir, leur répondit-il,