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Page:Anatole France - Sur la pierre blanche.djvu/147

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Il répondit avec orgueil :

— Vous voyez celui-là !

Mais il était déjà à terre, foulé aux pieds. Les Juifs ramassaient des pierres en criant :

— C’est un blasphémateur ! Lapidons-le !

Deux des plus zélés arrachaient la borne milliaire, plantée par les Romains, et s’efforçaient de la lancer. Les pierres tombaient avec un bruit sourd sur les os décharnés de l’apôtre, qui hurlait :

— 0 délices des plaies ! ô joie des supplices ! ô rafraîchissement des tortures ! Je vois Jésus.

A quelques pas de là, le vieillard Posocharès, sous un buisson d’arbouses, au murmure d’une source, pressait dans ses bras les flancs polis d’Ioessa. Importuné du bruit, il grogna d’une voix étouffée dans les cheveux de la jeune fille :

— Fuyez, viles brutes ; et ne troublez pas les jeux d’un philosophe.

Quelques instants après, un centurion qui