Page:Anatole France - Sur la pierre blanche.djvu/176

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En réalité, sur l’avenir comme sur le présent et sur le passé, le proconsul n’avait rien à apprendre de l’apôtre, rien qu’un nom. Il aurait su que Paul était de la religion du Christ qu’il n’en aurait pas été pour cela mieux instruit de l’avenir du christianisme qui devait en peu d’années se dégager à peu près entièrement des idées de Paul et des premiers hommes apostoliques. En sorte que, si l’on ne s’arrête pas à des textes liturgiques, dépouillés de leur sens primitif, et aux constructions purement verbales des théologiens, on s’apercevra que saint Paul prévoyait moins bien l’avenir que Gallion et l’on supposera que l’apôtre, s’il revenait aujourd’hui à Rome, y éprouverait plus de surprise que le proconsul.

Saint Paul, dans la Rome moderne, ne se reconnaîtrait pas plus sur la colonne de Marc Aurèle, qu’il ne reconnaîtrait sur la colonne Trajane son vieil ennemi Kephas. Le dôme de Saint Pierre, les stances du Vatican,