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Page:Anatole France - Sur la pierre blanche.djvu/217

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Joséphin Leclerc leva son verre :

— Ce via de Chianti est d’une saveur piquante et moussé légèrement. Buvons à la paix, tandis que les Russes et les Japonais combattent âprement en Mandchourie et dans le golfe de Corée.

— Cette guerre, reprit Langelier, marque une des grandes heures de l’histoire du monde. Et pour en comprendre le sens il faut remonter deux mille ans en arrière.

Certes les Romains ne soupçonnaient pas la grandeur du monde barbare et n’avaient aucune idée de ces immenses réservoirs d’hommes qui devaient un jour crever sur eux et les submerger. Ils ne se doutaient pas qu’il y eût dans l’univers une autre paix que la paix romaine. Et pourtant il en existait une et plus antique et plus vaste, la paix chinoise.

Ce n’est pas que leurs marchands ne fussent en relations avec les marchands de la Sérique. Ceux-ci apportaient la soie écrue