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Page:Anatole France - Sur la pierre blanche.djvu/70

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ce qui n’est pas permis, interrogent les divinateurs de Chaldée ou tentent les sorts babyloniens. Curiosité impie et vaine ! Car de quoi nous servirait la connaissance des choses futures, puisqu’elles sont inévitables ? Pourtant les sages, plus encore que le vulgaire, éprouvent le désir de percer l’avenir et de s’y jeter pour ainsi dire. C’est sans doute parce qu’ils espèrent de la sorte échapper au présent, qui leur apporte tant de tristesses et de dégoûts. Comment les hommes d’aujourd’hui ne seraient-ils pas aiguillonnés du désir de fuir leur temps misérable ? Nous vivons dans un âge fréquent en lâchetés, abondant en ignominies, fertile en crimes.

Cassius déprécia longtemps encore l’époque où il vivait. Il se plaignit que les Romains, déchus de leurs antiques vertus, ne prissent plus plaisir qu’à manger des huîtres du Lucrin et des oiseaux du Phase, et n’eussent plus de goût que pour des mimes, des