regrettaient pas la république ; ils ne regrettaient pas la liberté, dont le souvenir était mêlé pour eux à celui des proscriptions et des guerres civiles. Ils honoraient Caton comme le héros d’un autre âge, sans désirer de revoir une si haute vertu se dresser sur de nouvelles ruines. Ils considéraient l’époque d’Auguste et les premières années de Tibère comme le temps le plus heureux que le monde eût jamais connu, puisque l’âge d’or n’avait existé que dans l’imagination des poètes. Et ils s’étonnaient douloureusement que ce nouvel ordre de choses, qui promettait au genre humain une longue félicité, eût si vite apporté à Rome des hontes inouïes et des tristesses inconnues même aux contemporains de Marius et de Sylla. Ils avaient vu, durant la folie de Caïus, les meilleurs citoyens marqués au fer rouge, condamnés aux mines, aux travaux des chemins, aux bêtes, les pères forcés d’assister au supplice de leurs enfants, et
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