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Page:Anatole France - Sur la pierre blanche.djvu/96

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pourvus d’une âme ? Quelle figure feraient-ils parmi les héros et les sages, dans les prairies élyséennes ? Ces malheureux, semblables à tant d’autres sur la terre, ne sont pas capables de remplir la vie humaine, qui est courte. Comment en rempliraient-ils une plus longue ? Les âmes vulgaires s’éteignent à la mort, ou tourbillonnent quelque temps autour de notre globe et se dissipent dans les couches épaisses de l’air. La vertu seule, en égalant l’homme aux dieux, le fait participer à leur immortalité. Ainsi que l’a dit un poète :

Elle ne descend jamais aux ombres du Styx, l’illustre vertu. Vis en héros et les destins ne t’entraîneront point dans le fleuve cruel de l’oubli. Au dernier de tes jours, la gloire t’ouvrira le chemin du ciel.

» Connaissons notre condition. Nous devons tous périr et périr tout entiers. L’homme d’une vertu éclatante n’échappe au sort commun qu’en devenant dieu et en se