Page:Anatole France - Thaïs.djvu/222

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Et tandis que Paphnuce s’enfonçait dans les sables, ses disciples le suivaient en louant le Seigneur. Flavien, qui était l’ancien de ses frères, saisi tout à coup d’un pieux délire, se mit à chanter un cantique inspiré :

— Jour béni ! Voici que notre père nous est rendu ! » Il nous revient, chargé de nouveaux mérites dont le prix nous sera compté !
» Car les vertus du père sont la richesse des enfants et la sainteté de l’abbé embaume toutes les cellules.
» Paphnuce, notre père, vient de donner à Jésus-Christ une nouvelle épouse.
» Il a changé par son art merveilleux une brebis noire en brebis blanche.
» Et voici qu’il nous revient chargé de nouveaux mérites.
» Semblable à l’abeille de l’Arsinoïtide, qu’alourdit le nectar des fleurs.
» Comparable au bélier de Nubie, qui peut à peine supporter le poids de sa laine abondante.
» Célébrons ce jour en assaisonnant nos mets avec de l’huile !

Parvenus au seuil de la cellule abbatiale, ils se mirent tous à genoux et dirent :

— Que notre père nous bénisse et qu’il nous donne à chacun une mesure d’huile pour fêter son retour !

Seul, Paul le Simple, resté debout, demandait : « Quel est cet homme ? » et ne reconnaissait point Paphnuce. Mais personne ne prenait