Page:Anatole France - Thaïs.djvu/236

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se retourna et vit le bon jardinier qui arrosait ses salades, tandis que la colombe se balançait sur son dos arrondi. À cette vue il fut pris de l’envie de pleurer.

En rentrant dans sa cellule, il y trouva un étrange fourmillement. On eût dit des grains de sable agités par un vent furieux, et il reconnut que c’était des myriades de petits chacals. Cette nuit-là, il vit en songe une haute colonne de pierre, surmontée d’une figure humaine et il entendit une voix qui disait :

— Monte sur cette colonne !

À son réveil, persuadé que ce songe lui était envoyé du ciel, il assembla ses disciples et leur parla de la sorte :

— Mes fils bien-aimés, je vous quitte pour aller où Dieu m’envoie. Pendant mon absence, obéissez à Flavien comme à moi-même et prenez soin de notre frère Paul. Soyez bénis. Adieu.

Tandis qu’il s’éloignait, ils demeuraient prosternés à terre et, quand ils relevèrent la tête, ils virent sa grande forme noire à l’horizon des sables.

Il marcha jour et nuit, jusqu’à ce qu’il eût atteint les ruines de ce temple bâti jadis par les