Page:Anatole France - Thaïs.djvu/242

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

antiques, les marchands suspendaient des guirlandes d’oignons et des poissons fumés, des lièvres morts et des moutons écorchés. Le soir, les vieux hôtes des ruines, les rats, s’enfuyaient en longue file vers le fleuve, tandis que les ibis, inquiets, allongeant le cou, posaient une patte incertaine sur les hautes corniches vers lesquelles montaient la fumée des cuisines, les appels des buveurs et les cris des servantes. Tout alentour, des arpenteurs traçaient des rues, des maçons bâtissaient des couvents, des chapelles, des églises. Au bout de six mois, une ville était fondée, avec un corps de garde, un tribunal, une prison et une école tenue par un vieux scribe aveugle.

Les pèlerins succédaient sans cesse aux pèlerins. Les évêques et les chorévêques accouraient, pleins d’admiration. Le patriarche d’Antioche, qui se trouvait alors en Égypte, vint avec tout son clergé. Il approuva hautement la conduite si extraordinaire du stylite et les chefs des Églises de Lybie suivirent, en l’absence d’Athanase, le sentiment du patriarche. Ce qu’ayant appris, les abbés Ephrém et Sérapion vinrent s’excuser aux pieds de