Page:Anatole France - Thaïs.djvu/257

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l’on contait que le saint, du haut de sa stèle, avait converti le préfet de la flotte à la foi des apôtres et des pères de Nicée. Les croyants donnaient aux dernières paroles de Lucius Aurélius Cotta un sens figuré ; dans leur bouche le souper auquel ce personnage avait convié l’ascète devenait une sainte communion, des agapes spirituelles, un banquet céleste. On enrichissait le récit de cette rencontre de circonstances merveilleuses, auxquelles ceux qui les imaginaient ajoutaient foi les premiers. On disait qu’au moment où Cotta, après une longue dispute, avait confessé la vérité, un ange était venu du ciel essuyer la sueur de son front. On ajoutait que le médecin et le secrétaire du préfet de la flotte l’avaient suivi dans sa conversion. Et, le miracle étant notoire, les diacres des principales églises de Lybie en rédigèrent les actes authentiques. On peut dire sans exagération que, dès lors, le monde entier fut saisi du désir de voir Paphnuce, et qu’en Occident comme en Orient, tous les chrétiens tournaient vers lui leurs regards éblouis. Les plus illustres cités d’Italie lui envoyèrent des ambassadeurs, et le césar de Rome, le divin