Page:Anatole France - Thaïs.djvu/56

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barbe et mes cheveux. Il convient aussi que tu me donnes une bourse de mille drachmes. Voilà, ô Nicias, ce que j’étais venu te demander, pour l’amour de Dieu et en souvenir de notre ancienne amitié.

Nicias fit apporter par Crobyle et Myrtale sa plus riche tunique ; elle était brodée, dans le style asiatique, de fleurs et d’animaux. Les deux femmes la tenaient ouverte et elles en faisaient jouer habilement les vives couleurs, en attendant que Paphnuce retirât le cilice dont il était couvert jusqu’aux pieds. Mais le moine ayant déclaré qu’on lui arracherait plutôt la chair que ce vêtement, elles passèrent la tunique par-dessus. Comme ces deux femmes étaient belles, elles ne craignaient pas les hommes, bien qu’elles fussent esclaves. Elles se mirent à rire de la mine étrange qu’avait le moine ainsi paré. Crobyle l’appelait son cher satrape, en lui présentant le miroir, et Myrtale lui tirait la barbe. Mais Paphnuce priait le Seigneur et ne les voyait pas. Ayant chaussé les sandales dorées et attaché la bourse à sa ceinture il dit à Nicias, qui le regardait d’un œil égayé :

— Ô Nicias ! il ne faut pas que les choses