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Page:Anatole France - Thaïs.djvu/69

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maient sous le masque les vers d’Euripide et de Ménandre. Maintenant on ne récite plus les drames, on les mime, et des divins spectacles dont Bacchus s’honora dans Athènes nous n’avons gardé que ce qu’un barbare, un Scythe même peut comprendre : l’attitude et le geste. Le masque tragique, dont l’embouchure, armée de lames de métal, enflait le son des voix, le cothurne qui élevait les personnages à la taille des dieux, la majesté tragique et le chant des beaux vers, tout cela s’en est allé. Des mimes, des ballerines, le visage nu, remplacent Paulus et Roscius. Qu’eussent dit les Athéniens de Périclès, s’ils avaient vu une femme se montrer sur la scène ? Il est indécent qu’une femme paraisse en public. Nous sommes bien dégénérés pour le souffrir.

» Aussi vrai que je me nomme Dorion, la femme est l’ennemie de l’homme et la honte de la terre.

— Tu parles sagement, répondit Paphnuce, la femme est notre pire ennemie. Elle donne le plaisir et c’est en cela qu’elle est redoutable.

— Par les Dieux immobiles, s’écria Dorion, la femme apporte aux hommes non le plaisir,