Page:Anatole France - Thaïs.djvu/72

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dats sortir des tentes et se préparer au départ quand, par un prodige effrayant, une nuée couvrit le sommet du tertre funéraire. Puis, cette nuée s’étant dissipée, l’ombre d’Achille apparut, couverte d’une armure d’or. Étendant le bras vers les guerriers, elle semblait leur dire : « Quoi ! vous partez, enfants de Danaos ; vous retournez dans la patrie que je ne verrai plus et vous laissez mon tombeau sans offrandes ? » Déjà les principaux chefs des Grecs se pressaient au pied du tertre. Acanas, fils de Thésée, le vieux Nestor, Agamemnon, portant le sceptre et les bandelettes, contemplaient le prodige. Le jeune fils d’Achille, Pyrrhus, était prosterné dans la poussière. Ulysse, reconnaissable au bonnet d’où s’échappait sa chevelure bouclée, montrait par ses gestes qu’il approuvait l’ombre du héros. Il disputait avec Agamemnon et l’on devinait leurs paroles :

— Achille, disait le roi d’Ithaque, est digne d’être honoré parmi nous, lui qui mourut glorieusement pour l’Hellas. Il demande que la fille de Priam, la vierge Polyxène soit immolée sur sa tombe. Danaens, contentez les