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CHAPITRE II


LES VOIX.

Or, âgée d’environ treize ans, un jour d’été, à l’heure de midi, dans le jardin de son père, elle entendit une voix qui lui fit grand’peur. Cette voix parlait à la droite de l’enfant, vers l’église, et était accompagnée d’une lumière qui se montrait du même côté ; elle lui disait :

— Je viens de Dieu pour t’aider à te bien conduire[1]. Jeannette, sois bonne et Dieu t’aidera.

Jeanne était à jeun, mais non pas épuisée d’inanition ; elle avait mangé la veille[2].

Un autre jour, la voix se fit encore entendre et répéta :

— Jeannette, sois bonne !

L’enfant ignorait encore de qui venait la voix. Mais la troisième fois, en l’écoutant, elle sut que c’était la voix d’un ange et même elle reconnut que cet ange

  1. Procès, t. I, pp. 52,72-73, 89, 170.
  2. Ibid. t. I. p. 52. — Le manuscrit porte non jejunaverat die prœcedenti.
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