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CHAPITRE IV


VOYAGE À NANCY. — ITINÉRAIRE DE VAUCOULEURS
À SAINTE-CATHERINE-DE-FIERBOIS.

Le duc Charles II de Lorraine, allié aux Anglais, venait de jouer un bien mauvais tour à son cousin et ami le duc de Bourgogne, en donnant en mariage Isabelle sa fille aînée, l’héritière de Lorraine, à René, second fils de madame Yolande, reine de Sicile et de Jérusalem, duchesse d’Anjou[1]. René d’Anjou, dans ses vingt ans, était un gentil esprit, amoureux de bon savoir autant que de chevalerie, bienveillant, affable et gracieux. Quand il ne faisait point de chevauchées et ne maniait pas la lance, il se plaisait à peindre des images dans des livres ; il avait du goût pour les jardins fleuris et les histoires en tapisserie, et, comme son beau cousin le duc d’Or-

  1. Le P. Anselme, Histoire généalogique de la Maison de France, II, p. 218. — Ludovic Drapeyron, Jeanne d’Arc et Philippe le Bon, dans Revue de Géographie, novembre 1886, p. 236. — S. Luce, Jeanne d’Arc à Domremy, pp. lxvi, cxcix.