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Page:Anatole France - Vie de Jeanne d’Arc, 1908, tome 1.djvu/23

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textes contemporains, nous sommes à même de nous apercevoir que, si nous ne savions de Jeanne d’Arc que ce qu’ont dit d’elle les chroniqueurs français, nous la connaîtrions à peu près comme nous connaissons Çakia Mouni.

Ce ne sont pas les chroniqueurs bourguignons qui nous la peuvent expliquer. Mais on trouve chez eux quelques renseignements utiles. De ces chroniqueurs du parti de Bourgogne, le premier en date est le clerc picard auteur d’une Chronique anonyme dite des Cordeliers'Texte en italique[1], parce que l’unique manuscrit qui la renferme provient d’un couvent de ces religieux, à Paris. C’est une cosmographie qui va de la création du monde à l’année 1434. M. Pierre Champion[2] a établi que Monstrelet s’en est servi. Ce clerc picard a connu diverses choses et vu certaines pièces diplomatiques. Mais il brouille étrangement les faits et les dates. Ses informations sur la vie militaire de la Pucelle sont de source française et populaire. On lui a accordé quelque crédit pour son récit du saut de Beaurevoir qui, s’il était exact, écarterait toute idée que Jeanne s’est jetée du haut du donjon dans un accès de désespoir ou de

  1. Bibl. nat. fr., —23.018. — J. Quicherat, Supplément aux témoignages contemporains sur Jeanne d’Arc, dans Revue Historique, t. XIX, mai — juin 1882, pp. 72-83.
  2. Pierre Champion, Guillaume de Flavy, Paris, 1906,.ip-8o, pp. xj et xij.