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Page:Anatole France - Vie de Jeanne d’Arc, 1908, tome 1.djvu/65

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Histoire de France pour l’instruction du Dauphin[1] sont bien curieuses, non pour l’exposé des faits qui y est inexact et confus[2], mais par le soin que prend l’auteur de ne présenter que d’une manière incidente et dubitative les faits miraculeux attribués à la Pucelle. Au sentiment de Bossuet, comme à celui de Jean Gerson, ces choses sont d’édification, non de foi. Bossuet qui écrit pour l’instruction d’un prince est tenu à beaucoup abréger ; mais il abrège trop quand, présentant la condamnation de Jeanne comme l’œuvre de l’évêque de Beauvais, il oublie de dire que l’évêque de Beauvais rendit cette sentence sur l’avis unanime de l’Université de Paris et conjointement avec le vice-inquisiteur[3].

  1. Œuvres de messire Jacques-Bénigne Bossuet, Paris, in-4o, tome XI, 1749, feuillets chiffrés ; tome XII, pp. 234 et suiv. — Cf. Ce qu’ils nous dit des inspirées dans l’Instruction sur les états d’oraison, Paris, 1697, in-8o.
  2. « Cette fille nommée Jeanne d’Arq… avoit été servante dans une hôtellerie. » Loc. cit., p. 233.
  3. Il ne faut pas juger trop sévèrement les cahiers d’un précepteur ; mais Bossuet, qui place la réhabilitation sous la rubrique de 1431, ne nous avertit pas qu’elle ne fut prononcée que vingt-cinq ans plus tard. Bien au contraire, il ne tient qu’à lui qu’on la croie antérieure à la délivrance de Compiègne. Voici son texte : « En exécution de cette sentence, elle fut brûlée toute vive à Rouen en 1431. Les Anglois firent courir le bruit qu’elle avoit enfin reconnu que les révélations dont elle s’étoit vantée étaient fausses. Mais le Pape, quelque temps après, nomma des commissaires. Son procès fut revu solemnellement, et sa conduite approuvée par un dernier jugement que le Pape lui-même confirma. Les Bourguignons furent contraints de lever le siège de Compi’ègne » (Loc. cit., p. 236). Mézeray est plus crédule que Bossuet ; il nomme « les saintes Catherine et Marguerite, qui purifioient son âme par des conversations célestes, à cause qu’elle les vénéroit d’une particulière dévotion a. Comme Bossuet, en exposant le procès, il passe sous silence le vice— inquisiteur (Histoire de France, t. II, 1746, in-folio, pp. 11 et suiv.).