Page:Anatole Leroy-Beaulieu - Empire des Tsars, tome 1, Hachette, 1890.djvu/10

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de ses habitants, l’espèce de mystère qui plane sur la Russie et sur ses destinées, c’était par-dessus tout la difficulté même de la connaître et de la comprendre.

Au commencement de l’année 1872, un homme dont la sagace initiative était toujours en éveil, qui, après nos désastres, se faisait plus que jamais un devoir d’instruire la France de ce qui se passait en dehors de ses frontières, M. François Buloz me proposa d’explorer la Russie et de rendre compte de mes observations dans la Revue des Deux Mondes. J’acceptai d’autant plus volontiers que, dix-huit mois plus tôt, en juillet 1870, j’allais partir pour Moscou, lorsque je fus retenu par la déclaration de guerre.

Je me rendis en Russie, j’en parcourus les diverses provinces de la Finlande à la Transcaucasie, j’y retournai plusieurs fois, en hiver et en été, pour compléter et corriger par de nouveaux voyages mes premières impressions. Le sujet était vaste et complexe comme l’empire russe lui-même ; je lui consacrai deux ou trois fois plus de temps que je n’en avais le dessein d’abord.

Mes premières études sur l’empire des tsars ont paru par fragments dans la Revue des Deux Mondes. Ce mode de publication a eu pour moi un immense avantage ; je lui dois la coopération de nombreux collaborateurs russes et étrangers, connus et inconnus. Il est peu de mes divers articles, sur la Russie et les Russes,