Page:Anatole Leroy-Beaulieu - Empire des Tsars, tome 1, Hachette, 1890.djvu/151

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blicaines qui, à tous égards, méritent d’être mises à part, se rencontrent Tver, Iaroslavl, Kostroma, Vladimir, Souzdal, Riazan, toutes les anciennes capitales des kniazes russes, décrivant comme un cercle autour de Moscou. C’est là, une contrée essentiellement continentale, plus froide que Pétersbourg et à climat plus extrême, où la température moyenne de l’hiver est de neuf à dix degrés centigrades au-dessous de zéro, celle du mois le plus froid de onze à douze, c’est-à-dire de treize à quatorze degrés plus basse qu’à Paris. C’est, en dehors de la Scandinavie et de l’Ecosse, l’une et l’autre réchauffées par une double mer, la seule région des deux hémisphères ayant une population sédentaire et agricole dans un si proche voisinage du cercle polaire. À cette distance de la mer et de l’équateur, elle n’est habitable que grâce à son peu d’élévation.

L’action d’un tel climat sur la vie et le corps de l’homme doit être énorme, nous le sentons ; mais nous avons peine à le démontrer. Depuis un siècle ou deux, on a en Europe beaucoup discouru sur les effets politiques du climat : il y a peu de sujets qui reviennent aussi souvent et sur lesquels nous sachions moins. Dans l’état actuel de nos connaissances, nous ne pouvons même déterminer scientifiquement les effets directs de la nature extérieure sur l’organisme et le tempérament. Montesquieu a le premier essayé de donner une théorie politique des climats ; mais cette tentative, appuyée sur d’infidèles récits de voyages et sur des observations incomplètes, était prématurée. Depuis le siècle dernier, la science, qui a éclairé tant de questions, n’a guère jeté de lumière sur celle-ci.

L’effet le plus général du froid sur la vie végétale ou animale, c’est l’engourdissement, parfois la suspension de l’activité vitale. La sève s’arrête dans les plantes, le sang se coagule dans les veines des animaux. Beaucoup de ces derniers passent l’hiver dans un état de somnolence, et, pendant les mois les plus froids, se couchent dans une tombe temporaire. L’homme échappe à cette mort léthar-