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Page:Anatole Leroy-Beaulieu - Empire des Tsars, tome 1, Hachette, 1890.djvu/252

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doit un jour réunir toute la nation sous un pouvoir unique[1].

Des fertiles rives du Borysthëne à demi classique, le centre de la Russie avait passé dans un pays plus éloigné de l’Europe et plus différent d’elle, sur un soi plus pauvre et sous un climat plus rigoureux, chez un peuple plus mêlé, plus étranger à toute influence germanique ou byzantine. Les coutumes occidentales, qui, dans la Russie du Dniepr, n’avaient déjà que de faibles racines, n’eurent pas le temps de prendre dans ce sol ingrat. Là, moins encore d’éléments européens, moins de droits politiques de l’individu, des corporations ou des cités ; un pays presque tout rural, où la base et le type de l’ordre social est la cour ou la maison, le dvor, avec le chef de famille à sa tête. Déjà si loin de nous, ce peuple allait encore en être éloigné par la domination séculaire des tribus les plus réfractaires aux mœurs, à la religion, à la civilisation de l’Europe.



  1. Solovief : Istoriia Rossii, t. XIII, p. 25, 2G. Tchitchérine : Opyt po istorii Rousskago prava.