Page:Anatole Leroy-Beaulieu - Empire des Tsars, tome 1, Hachette, 1890.djvu/518

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fort diverses, tels que l’ancien ministre de l’intérieur et des domaines, M. Valouief, tels que le prince Vasilcthikof, ont-ils demandé que, au lieu d’être entièrement abandonné à la coutume, le droit privé des paysans fût réglé législativement. La difficulté est de ne pas violenter les usages en en voulant régulariser l’exercice. Les coutumes légales variant beaucoup suivant les contrées et les communes, suivant l’origine même des populations. Dans un village, par exemple, c’est le fils aîné qui, en cas de partage, conserve la maison paternelle ; dans un autre, c’est, comme en quelques parties de la Suisse et de l’Allemagne, le plus jeune fils, car l’on suppose que l’aîné a pu s’établir ailleurs du vivant du père. Lorsqu’on parle du droit de succession des paysans, il ne faut pas non plus perdre de vue que les terres communales, tout en ne tombant pas directement sous le coup de l’hérédité, sont indirectement afTectées par ces divisions de ménages[1].

Les partages ont aujourd’hui cessé d’être rares ; peu d’izbas abritent sous le même toit plusieurs couples mariés[2]. Les jeunes gens, les jeunes femmes surtout, souhaitent l’indépendance ; les nouveaux ménages aiment à se voir chefs de maison pour être complètement libres. Cet esprit, qui semble en opposition avec le régime de la communauté des terres, y trouve parfois un encouragement, car c’est cette communauté qui à chaque homme ou à chaque couple offre un lot de terre. D’un autre côté, la construction d’une maison de

  1. Les partages de famille entraînent, d’ordinaire, la division des terres communales, allouées aux ménages qui se séparent, mais ce sont là des partages privés qui n’affectent que les intéressés et, d’habitude, n’influent en rien sur les partages généraux auxquels prennent part tous les membres de la commune. En bien des villages, cependant, la famille ne peut partager les champs qui lui ont été attribués, qu’avec l’autorisation de la communauté.
  2. D’après les statistiques, pour 23 millions d’âmes (paysans mâles soumis à la capitation), on comptait, il y a encore peu d’années, 7 220 000 dvors (cours ou exploitations de paysans), soit en moyenne (en tenant compte de l’accroissement de la population depuis la dernière revision) sept ou huit personnes par cour, ce qui, avec les nombreuses familles russes, ne représente le plus souvent qu’un ménage.