Page:Anatole Leroy-Beaulieu - Empire des Tsars, tome 1, Hachette, 1890.djvu/58

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la houille : On ne sait pas assez que de mines de charbon recèlent les plaines russes. Il s’en est découvert de tous côtés et de toute sorte, au nord et au centre autour de Moscou, au sud-est dans le bassin du Donets, au sud-ouest dans les gouvernements de Kief et de Kherson, en Pologne et des deux côtés du Caucase, jusqu’en Asie dans les steppes des Kirghiz, dans le bassin de l’Amour et l’île Sakhaline. À la houille et à l’anthracite, les bords de la Caspienne ajoutent le naphle et le pétrole. Longtemps entravé dans le nord par le manque de débouchés, dans le sud par le déraut de combustible, le développement industriel sera bientôt accéléré par l’achèvement des chemins de fer et l’exploitation des mines de charbon. En lui ouvrant des régions désertes et en l’attirant sur ses pas, l’industrie frayera la rouie à l’agriculture. Ainsi les mines de l’Oural conduisent aux fertiles plaines de la Sibérie occidentale ; celles des monts Altaï et des montagnes de l’Amour entraîneront jusqu’au cœur de l’Asie, comme en Californie et en Australie la culture est venue sur les pas des chercheurs d’or.

Si les richesses minérales de la Russie ont longtemps dormi inutilement sous l’herbe des steppes ou les arbres des forêts, c’est que par malheur les plus abondantes sont reléguées aux confins de l’Asie, en des contrées difficiles d’accès, parfois encore à demi désertes ou mal reliées au centre de l’empire ; c’est que les distances, avec la cherté des transports, c’est que la rareté de la population et plus encore sa pauvreté et son ignorance opposaient de multiples obstacles au développement industriel. La configuration du sol et la rigueur du climat, l’histoire et les habitudes du peuple, les conditions sociales même, condamnaient les plaines orientales de l’Europe à demeurer longtemps un pays essentiellement rural et agricole.

Pour apprécier l’état économique de la Russie, il ne faut point perdre de vue, que sous Pierre le Grand, elle n’avait pas quinze millions d’habitants, qu’au milieu du dix-hui-