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Page:Anatole Leroy-Beaulieu - Empire des Tsars, tome 1, Hachette, 1890.djvu/85

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sang ouralien. La langue pourrait fournir d’autres signes de cette fusion, mais un sérieux travail de confrontation entre le russe, les autres idiomes slaves et les dialectes finnois, est encore à faire ; puis, les résultats en seraient peut-être plus curieux, au point de vue de l’influence morale des anciens Tchoudes et de leur degré de civilisation, que concluants pour leur mélange avec les Slaves. La russification des Finnois contemporains, leur répartition géographique, l’empreinte laissée sur les traits russes, voilà trois preuves de ce croisement séculaire : les deux premières le révèlent à l’esprit, la dernière le fait voir aux yeux.

Quel est ce type, dont tant de Russes portent la marque ? Les tribus finnoises de Russie diffèrent considérablement par les caractères physiques comme par le degré de culture. Quelques-unes, telles que les Tchouvaches et les Lapons, accusent fortement un type mongolique ; d’autres, les plus importantes, telles que les Suomi de Finlande et les Esthoniens, grâce à l’influence du milieu ou à des alliances de race dont la trace est perdue, offrent des traits plus nobles et plus voisins du type caucasique que du mongol. Tous ces groupes cependant gardent certains caractères communs qui n’ont même pas toujours disparu chez le peuple magyar, celui qui, le plus mêlé avec l’Europe, s’est le plus modifié. Le squelette est moins robuste que chez les Aryens et les Sémites, les jambes sont plus courtes et plus grêles. Le plus souvent, la tête est ronde, courte, peu développée par derrière, en un mot brachycéphale, comme chez l’une des principales races géologiques éteintes de l’Europe. La face est généralement plate, avec les os des pommettes saillants ; les yeux, petits ; le nez, large ; la bouche, grande avec des lèvres épaisses. Ces caractères plastiques se retrouvent fréquemment chez les Russes de toute classe, surtout chez le paysan, et chez les femmes qui, partout, conservent plus fidèlement l’empreinte ethnique[1].

  1. Il m’est un jour arrivé, à ce propos, une assez désagréable aventure. Je