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Page:Anatole Leroy-Beaulieu - Empire des Tsars, tome 2, Hachette, 1893.djvu/102

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et de l’est, Perm, Viatka, Astrakan, Vologda, Arkhangel surtout, égalent ou dépassent en superficie les grands États de l’Europe occidentale. L’étendue moyenne de chaque province reste encore considérable, elle est supérieure à celle des petits États de l’Europe centrale, de la Belgique, de la Hollande ou de la Suisse. La population des provinces russes est loin d’être en rapport avec leurs dimensions, elle serait plutôt en raison inverse ; les plus grandes, qui comprennent les solitudes du nord ou les steppes de l’est, sont les moins peuplées : Arkhangel, avec ses 858 000 kilomètres carrés, ne compte que 315 000 âmes. En revanche, plusieurs gouvernements de médiocre étendue, dont le nom est presque ignoré de l’Occident, renferment presque autant d’habitants que les vingt-deux cantons suisses. Dans la Russie d’Europe, la population moyenne d’une goubernie est de 1 400 000 ou de 1 500 000 âmes[1].

Les gouvernements russes, ceux des frontières au moins, ont été longtemps réunis, par groupes de trois, quatre ou cinq, en gouvernements généraux, qui embrassaient ainsi de vastes régions. Aujourd’hui, ce mode de groupement n’existe plus qu’en Asie et dans les anciennes provinces polonaises[2]. Les trois provinces baltiques elles-mêmes ont récemment perdu ce signe de distinction, pour rentrer dans la masse des gouvernements de l’empire. Cette simplification est un indice des progrès de la centralisation dans la voie de l’uniformité administrative.

Les goubernies sont partagées en districts (ouezdy), correspondant à nos arrondissements. Ces districts russes,

  1. Koursk a plus de deux millions d’habitants ; Kief, Poltava, Tambof. Voronège, en ont chacan environ deux millions et demi.
  2. Moscou possède un gouverneur général, mais ce n’est là qu’une marque d’honneur, accordée à la vieille capitale. Après les attentats de 1879, Alexandre II avait temporairement rétabli des gouverneurs généraux, avec les pouvoirs les plus étendus, dans les principales villes de l’empire, à Saint-Pétersbourg, Odessa, Kharkof. etc., afin de mieux combattre l’agitation révolutionnaire. En 1881 Alexandre III a supprimé l’ancien gouvernement général d’Orenbourg.