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Page:Anatole Leroy-Beaulieu - Empire des Tsars, tome 2, Hachette, 1893.djvu/11

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ces communautés voisines sont réunies en circonscriptions appelées volost. Ce mot est souvent traduit par canton, ou encore par bailliage ; en réalité, la volost russe, comme le township américain, tient le milieu entre le canton et la commune de France ; par son rôle administratif, elle se rapproche même davantage de la commune. D’après la loi, la volost devait compter au minimum 300 âmes mâles soumises à la capitation, et, autant que possible, ne pas dépasser un maximum de 2000 ; par suite, le nombre des habitants y devait osciller entre 600 et 4000. Les limites de la volost devaient d’habitude être les mêmes que celles de la paroisse ecclésiastique, ce qui pour nous l’eût fait encore ressembler plutôt à la commune qu’au canton. Dans la pratique, on s’est souvent éloigné de cette règle, et les trop grandes dimensions des bailliages ont eu de nombreux inconvénients. Parfois enfin, dans les gros villages, la volost n’est formée que d’une seule communauté, et alors les attributions de l’une et de l’autre se confondent comme leur circonscription.

La volost est d’introduction récente, au moins parmi les paysans naguère soumis au servage ; chez les paysans de la couronne même, la création n’en remonte qu’à l’empereur Nicolas. Le nom s’en retrouve dans les vieilles chroniques russes, mais avec un sens assez différent et pour des régions d’ordinaire plus étendues. La volost représente dans l’administration rurale l’élément nouveau et, pour ainsi dire, artificiel, la part de l’initiative gouvernementale et de la charte d’émancipation. C’est par le groupement de leurs petites communautés que la loi a voulu assurer aux moujiks les moyens de s’administrer eux-mêmes, qu’elle cherche à suppléer à l’abolition de la tutelle seigneuriale. De cette façon l’autorité impériale a donné à la classe des paysans une consistance que n’eût pu lui procurer le morcellement en petits villages et en minces communautés. Dans les pays même les plus civilisés de l’Occident, en certaines régions de la France par exemple, une des raisons