Page:Anatole Leroy-Beaulieu - Empire des Tsars, tome 2, Hachette, 1893.djvu/181

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quatre degrés. Les électeurs au zemstvo de district sont désignés par les conseils de volost ou de bailliage, lesquels sont eux-mêmes nommés par les assemblées communales, composées de tous les chefs de famille[1]. Ces électeurs (vyborchtchiki) se réunissent en assemblée électorale pour procéder au choix de leurs députés (glasnye)[2]. Les paysans sont maîtres de prendre leurs délégués dans leur propre sein, ou parmi les propriétaires et les prêtres du district, sans que ni propriétaires ni prêtres aient le droit d’assister aux assemblées électorales des moujiks.

Ce mode d’élection a beau sembler rationnel, il n’a pas donné tous les avantages qu’on en attendait. Les paysans, dont la loi prétendait sauvegarder l’autonomie, ont jusqu’ici fait preuve de peu de lumières, de peu de zèle, de peu d’indépendance dans le choix de leurs représentants. En beaucoup de districts l’élection des délégués des communes rurales semble n’être qu’une spécieuse formalité. Comment s’en étonner avec le peu d’instruction, le peu de maturité du moujik, le plus souvent incapable de s’intéresser à ce qui dépasse l’étroit cercle de sa commune ? Le chef de la police locale ou le président de l’assemblée électorale, l’ispravnik ou le membre permanent du comité pour les affaires des paysans dirigent trop facilement à leur gré les votes des moujiks. Parfois ils font élire des propriétaires repoussés par leur propre classe et indifférents aux intérêts de leurs électeurs. L’eau-de-vie et la corruption ne sont pas toujours étrangères à ces élections rurales. En général, cependant, les délégués des paysans sont de simples villageois[3]. Le plus souvent l’élu des communes est l’ancien du

  1. Voyez plus haut, livre I, chap. iii.
  2. Le règlement des zemstvos donnait primitivement la présidence de ces assemblées électorales au juge de paix ; depuis on a transmis cette importante fonction à l’arbitre de paix, et, après la suppression de ce dernier ; au membre permanent du bureau pour les affaires des paysans. (Voy. livre I, chap. iv.)
  3. La réforme administrative ! inaugurée par l’oukaze de juillet 1889, a placé les élections des communes rurales sous le contrôle des chefs de canton