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Page:Anatole Leroy-Beaulieu - Empire des Tsars, tome 2, Hachette, 1893.djvu/254

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gorie d’électeurs municipaux se réunit en assemblée électorale, qui procède aux élections en séance, sous la présidence du maire. D’ordinaire, le zèle des électeurs n’est pas grand, et va en diminuant du premier au dernier collège, lequel se sent plus ou moins annihilé par les deux autres. Dans la capitale même, l’assemblée des plus imposés réunit parfois à peine un tiers des ayants droit, celle du second collège moins d’un quart, celle des petits contribuables moins d’un dixième, et encore beaucoup de ces électeurs ne votent-ils que sur les instances d’agents électoraux, rétribués par quelques candidats aux fonctions municipales[1]. De telles habitudes d’abstention font que les élus sont les représentants d’une infime minorité. Quand il n’y a pas plus d’empressement dans la capitale, on se demande ce que peut être une élection dans les petites villes. Le mode de scrutin, à la fois primitif et compliqué, explique en partie la négligence des habitants à se servir des droits que leur confère la loi.

Pour les élections municipales, comme pour les élections provinciales, tous les électeurs de même catégorie doivent voter pour tous les représentants accordés à leur groupe, quel qu’en puisse être le nombre. De tels choix sont d’autant plus malaisés que, sous prétexte d’assurer la sincérité et la spontanéité du vote, la loi n’autorise ni réunions préparatoires, ni comités électoraux, ni discussions dans l’assemblée électorale[2]. Quelle peut être la confusion d’un

  1. En 1873, 18590 électeurs avaient été portés sur les listes électorales de Saint-Pétersbourg. Dans le premier collège, comprenant 224 électeurs, il n’y avait eu que 86 votants ; dans le second, comptant 887 électeurs inscrits, 177 volants seulement ; dans le troisième enfin, comptant 17 479 électeurs, 1148, c’est-à-dire un quinzième à peine, avaient pris part au vote. Aux élections de 1885, sur près de 20 000 électeurs inscrits, il n’y en avait encore que 2000 environ à prendre part au scrutin.
  2. Les réunions préparatoires ne sont pas formellement interdites ; mais elles ne peuvent avoir lieu qu’avec l’autorisation du gouverneur. Des listes de candidats ne peuvent être publiées qu’à la même condition. Cela explique comment ces élections ne fonctionnent pas de la même manière dans les différentes villes. (Remarque de notre traducteur allemand, M. L. Pezold : Das Reich der Zaren und die Russen, 1884, t. II, p. 190)