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Page:Anatole Leroy-Beaulieu - Empire des Tsars, tome 2, Hachette, 1893.djvu/265

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l’acte inutile du 16 mai et de la dissolution de la Chambre des 363. En Russie, comme en beaucoup d’autres pays, comme chez nous depuis 1884, les séances des conseils municipaux sont toujours publiques[1]. Il est vrai que c’est dans les petites communes rurales que la publicité des séances peut avoir le plus d’inconvénients, et dans les villages russes il n’y a point de conseil municipal ; tous les chefs de famille faisant de droit partie de l’assemblée communale, la publicité est inséparable du régime même du mir[2]. La Russie semble s’être ralliée au principe que les élus doivent toujours délibérer sous les yeux de leurs électeurs. Si dans les doumas, ou les zemstvos, la publication des débats par la presse rencontre de fâcheuses restrictions, il n’y en a aucune, que je sache, pour la publicité même des séances. Comme le zemstvo du district ou de la province, la douma des villes est en tout temps ouverte au public. À leurs débuts, les séances de ces assemblées attiraient parfois l’élite de la société, et, lorsqu’il s’y discutait quelque question importante, on y voyait se presser une foule attentive. Dans un pays qui ne possède encore qu’une représentation municipale et provinciale, l’intérêt excité par ces modestes organes de la vie publique peut être parfois d’autant plus vif que l’attention du pays n’est pas absorbée par des débats plus solennels. Les discussions de ces assemblées locales ont quelquefois plus d* ampleur et plus d’écho qu’en des contrées plus largement dotées de libertés. Aussi a-t-on vu des hommes, tels que Iouri Samarine, se faire une véritable réputation d’orateur, dans l’étroite enceinte de la douma ou du zemstvo de Moscou. Par malheur, le temps et les déceptions ont singulièrement refroidi l’intérêt du public pour des institutions qui, par la faute de la loi ou par la faute des hommes, sont loin d’avoir répondu aux espé-

  1. Il en est ainsi, par exemple, en Prusse et en Italie.
  2. Voyez plus haut, livre I, chap. iii.