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Page:Anatole Leroy-Beaulieu - Empire des Tsars, tome 2, Hachette, 1893.djvu/280

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aux districts, elle rend plus facile l’autonomie réciproque des municipalités et des assemblées provinciales.

Les restrictions légales ne sont pas toujours l’unique entrave à la liberté et à l’initiative des municipalités. Il est un autre obstacle à leur progrès, un empêchement que la loi ou le gouvernement ne peuvent à volonté écarter. Les municipalités urbaines sont pour la plupart arrêtées par la même barrière que les États provinciaux, par le manque d’argent. Ce n’est point d’ordinaire la faute de la loi, qui leur reconnaît le droit de se taxer elles-mêmes, c’est la faute de l’état économique du pays, et en partie la faute du climat et du ciel. Avec de lourdes charges et de grands besoins, les villes russes ont pour la plupart de minces ressources. Chez elles, les soins ordinaires de l’édilité, l’entretien et le nettoyage des monuments, des voies publiques, des égouts, des conduites d’eau, le pavage, l’éclairage même, sont rendus, par le climat, plus nécessaires et plus coûteux qu’ailleurs. Une ville n’est, en tout pays, qu’une conquête sur la nature, et la nature russe est plus rebelle, plus ennemie des œuvres de l’homme. Aux difficultés opposées à la voirie publique par la longueur et les rigueurs de l’hiver, par la glace, par les neiges, par le dégel, s’ajoutent des difficultés apportées par les dimensions mêmes de la plupart des villes russes, par la largeur de leurs rues et la grandeur de leurs places. Aussi, pour nombre de ces soi-disant villes des bords du Don ou du Volga, ce qui, dans nos vieilles villes d’Occident, semble une nécessité, paraît un objet de luxe.

Le gaz est encore loin d’éclairer de sa vulgaire lumière tous les chefs-lieux de district, et la plupart des chefs-lieux de gouvernement n’ont que peu de rues pavées[1]. Avec une pareille pénurie pour les besoins les plus élé-

  1. Le manque de pierre apporte, dans beaucoup de régions, un obstacle au pavage et à l’entretien des rues ou des routes. Aussi, dans certaines villes, à Saint-Pétersbourg en particulier, a-t-on essaye depuis longtemps de pavage en bois et même de pavage en fer.