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Page:Anatole Leroy-Beaulieu - Empire des Tsars, tome 2, Hachette, 1893.djvu/7

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LIVRE I
LA COMMUNE RURALE ET LE SELF-GOVERNMENT DES PAYSANS




CHAPITRE I


Antiquité de la commune russe. — C’est la seule institution vraiment nationale. — Le mode d’administration dérive du mode de propriété. — L’acte d’émancipation a affranchi les communes de paysans en laissant l’ancien seigneur en dehors. — Commune fermée et à deux degrés : obchtchestvo et volost. — En quoi la famille, la commune et l’État sont faits sur le même type, en quoi ils diffèrent — La commune rurale et l’autocratie impériale.


De toutes les libertés, la plus malaisée à fonder chez un peuple, c’est la plus humble, celle qui semblerait devoir être la base des autres, la liberté communale. Tocqueville l’a remarqué : la difficulté d’établir l’indépendance des communes, au lieu de diminuer à mesure que les nations s’éclairent, augmente avec leurs lumières[1]. La liberté communale n’a peut-être jamais été créée, elle naît en quelque sorte d’elle-même et grandit dans l’obscurité, en dehors de l’impulsion du législateur ; c’est de l’antiquité ou de sociétés à demi barbares que l’ont reçue la plupart des peuples civilisés qui la possèdent encore. Grâce au régime de la communauté, les villages de la Russie ont conservé dans leur mir l’habitude de s’administrer eux-mêmes. Les paysans moscovites ont gardé cette première

  1. Tocqueville la Démocratie en Amérique, t. Ier, Système communal.