Page:Anatole Leroy-Beaulieu - Empire des Tsars, tome 3, Hachette, 1889.djvu/217

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le métropolitain de Pétersbourg et le confesseur de l’empereur, ont à la direction des affaires une part plus grande que leurs collègues de province. Lorsqu’il est question de réformes économiques ou civiles pour le clergé, le synode est appelé à siéger dans les commissions chargées de l’étude de ces difficiles problèmes : en d’autres termes, on lui adjoint alors quelques hauts fonctionnaires laïques. Ainsi était composée la grande commission des affaires du clergé orthodoxe, à laquelle le gouvernement d’Alexandre II avait remis la recherche des moyens d’améliorer la situation matérielle et la position sociale du clergé. Dans d’autres cas, c’est le synode lui-même qui réclame, de tous les évêques, des renseignements et des avis.

Près du synode est un délégué de l’empereur portant le titre de procureur général ou haut procureur (Ober-procouror). Ce fonctionnaire, qui, devant les dignitaires ecclésiastiques, personnifie le pouvoir civil, est toujours un laïque. Il doit, selon les instructions de Pierre le Grand, être l’œil du tsar. Sa fonction est de veiller à ce que toutes les affaires ecclésiastiques soient traitées conformément aux oukases impériaux. En Russie, il n’y a point de ministre des cultes, il n’y en a jamais eu qu’un moment sous Alexandre Ier. Le haut procureur du Saint-Synode en tient lieu ; il a sa place au comité des ministres et ne relève que du maître. Les religions dissidentes dépendent du ministère de l’intérieur ; l’Église orthodoxe s’administre par le synode sous le contrôle de son procureur. Ce dernier étant le fondé de pouvoir de l’empereur, c’est par lui que s’exercent tous les droits attribués au souverain. Le haut procureur est l’intermédiaire entre l’empereur et le Saint-Synode ; toute communication de l’un à l’autre passe par lui : il soumet au synode les projets de loi du gouvernement, et à la sanction impériale les règlements arrêtés dans le synode. Rien dans le conseil dirigeant de l’Église ne se fait sans la participation du procureur ; c’est lui qui propose et expédie les affaires, lui qui fait exécuter les mesures prises.