Page:Anatole Leroy-Beaulieu - Empire des Tsars, tome 3, Hachette, 1889.djvu/270

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testants fonder, pour le soin des infirmités humaines, de véritables communautés de femmes[1].

Les lois, les habitudes, la réglementation bureaucratique de l’Église russe ne laissent malheureusement pas à la charité chrétienne la même spontanéité, partant la même variété ni la même fécondité, qu’en Occident. Il semble qu’en cela, comme en toutes choses, il faille encore aujourd’hui l’initiative des autorités laïques ou ecclésiastiques. Autrement, aucun peuple n’est plus que le peuple russe naturellement enclin à la pitié et aux œuvres secourables ; aucun même n’est plus porté à faire consister toute la religion dans l’amour du prochain. Aussi ne serions-nous pas étonné que la charité y renouvelât peu à peu la vie religieuse, chez les femmes du moins.

Quant à la part qu’en d’autres contrées les couvents ont prise à l’enseignement, il est douteux que nos collèges de Pères et nos écoles de Frères ou de Sœurs trouvent de longtemps des imitateurs en Russie. Le gouvernement encourage la fondation d’écoles près des monastères ; il est peu disposé à laisser s’établir des congrégations d’hommes ou de femmes, pouvant apporter dans l’éducation du peuple un esprit particulier. L’enseignement libre est peu fait pour un pays autocratique. Veut-il, pour l’instruction populaire, faire appel au clergé, l’État préfère s’adresser au clergé séculier.



  1. Voyez, par exemple, Margaret Lansdale, Sister Dora.