Page:Anatole Leroy-Beaulieu - Empire des Tsars, tome 3, Hachette, 1889.djvu/275

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le prêtre, vulgairement appelé « pope »[1] ; les paroisses ordinaires en ont un, les plus importantes deux. Il y en avait, en 1887, à peine 35 000, dont près de 1500 portaient le titre d’archiprêtres. C’est ensuite le diacre, qui assiste le prêtre dans les cérémonies et peut le supléer dans quelques-unes, ainsi dans les enterrements ; chez lui, la qualité la plus prisée est une belle voix de basse. Comme le diacre n’est point essentiel à la liturgie, toutes les églises n’en ont pas, et les paroisses qui en possèdent en ont moins que de prêtres. On n’en compte guère que 7000. Ils étaient près du double il y a vingt-cinq ans ; cette diminution montre moins une tendance à la simplification du culte qu’à l’économie des frais du culte. Enfin viennent le sacristain et le bedeau, le chantre et le sonneur, les assistants du culte ou serviteurs de l’église (tserkovno-sloujiteli'). Ce bas clergé correspond aux ordres mineurs de l’Église latine ; il en exerce les anciennes fonctions. La plupart des paroisses ont un ou deux de ces assistants ou acolytes. Comme celui des diacres, le nombre en a notablement diminué depuis un quart de siècle ; ils ne sont plus guère qu’une quarantaine de mille. De même qu’en Occident, on tend maintenant à les remplacer par des mercenaires laïques.

Les deux ou trois clergés entre lesquels se partageait la classe sacerdotale étaient jusqu’à présent demeurés distincts. Au lieu d’être les degrés successifs d’une même carrière tour à tour parcourue par le même homme, les emplois inférieurs, le diaconat et la prêtrise restaient d’ordinaire isolés, exercés pour la vie par des clercs spéciaux. Le lecteur ou psalmiste demeurait psalmiste, le diacre demeurait diacre, surtout quand il avait une belle voix, comme le pope demeurait pope. Grâce à l’introduction de l’hérédité, les générations étaient même souvent rivées au même degré de la hiérarchie. Entre ces familles cléricales vivant

  1. Ce mot de « pope », équivalent du papas, se prend en russe plutôt en mauvaise part. On se sert d’ordinaire du mot prêtre (sviachtchennik), qu’on emploie souvent dans le sens de « curé ».