Des mystiques comme les khlysty, des illuminés aux doctrines ascétiques ou sensuelles, érigeant l’inspiration en règle de la foi, se sont montrés de tout temps, chez les peuples où l’imagination religieuse a conservé sa première puissance. Une secte qui de la plus dégradante pratique de l’esclavage et des harems d’Orient fait un système religieux, une secte qui convertit la castration de l’homme en obligation morale, ne s’est peut-être vue qu’en Russie. Il est facile de trouver aux skoptsy des ancêtres spirituels dans le paganisme ou même dans le christianisme, depuis les prêtres de Cybèle ou d’Atys, qui semblent ne s’être mutilés que par symbolisme religieux, jusqu’au savant Origène qui, dans la mutilation du corps, cherchait la paix de l’esprit. La pensée du grand docteur de l’Église est une de celles qui inspirent ses imitateurs russes ; elle n’est point la seule. L’émasculation est une forme d’ascétisme ; c’est la plus radicale des macérations, la plus effective des pénitences. Dans leur haine contre les sens et la chair, les skoptsy retranchent par le fer le siège de la tentation. À leurs yeux, le meilleur moyen d’arriver à