Page:Ancelot - Les salons de Paris : foyers éteints.djvu/117

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

voyais alors et qui portait un illustre nom. C’est le marquis de Louvois. Il venait quelquefois chez moi, et son nom me produisait un effet tout agréable ; c’était comme une réminiscence du grand siècle de l’esprit. Le marquis de Louvois y tenait non-seulement par son grand-père, car il était le petit-fils du ministre, mais aussi par un goût très-vif pour la littérature ; il composait des proverbes qu’on jouait chez lui à la campagne. C’était un homme très-âgé lorsque je le connus, mais tout aimable dans les bonnes traditions d’autrefois, dont la bienveillance était le fond et dont la forme était pleine de grâce. Le goût de la littérature, de petites compositions dramatiques, dont je garde plusieurs qu’il me donna, consolaient le marquis de Louvois de la vieillesse et d’un malheur cruel : il avait épousé dans sa jeunesse une princesse de Monaco, belle et charmante ; mais une cruelle maladie l’en séparait et n’avait pas permis d’espérer ni même d’en désirer des enfants. Une maison de santé renfermait cette malheureuse personne, et le marquis de Louvois, qui l’avait beaucoup aimée, cherchait dans les plaisirs de l’esprit et de l’amitié à se distraire de cet irréparable malheur.