Page:Ancelot - Les salons de Paris : foyers éteints.djvu/123

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L’Anglais était pourpre et semblait n’avoir pas la force de s’exprimer ; ce fut par des mots entrecoupés et presque inintelligibles qu’il apprit enfin à M. de Custines ce qui était arrivé.

La veille au soir, le jeune lord, tout habillé, n’ayant plus à mettre que ses souliers vernis, s’était assis auprès du feu avec des pantoufles de maroquin rouge. Pressé de rejoindre M. de Custines, lorsqu’on lui dit que sa voiture s’arrêtait à la porte, il oublia sa chaussure, et ne s’aperçut qu’au milieu du salon de la princesse Czartoriska des pantoufles rouges restées à ses pieds. L’effroi qu’il éprouva, la honte, l’empressement qui lui firent quitter vivement les salons, traverser les antichambres comme un fou, se jeter dans la première voiture venue, et commander le départ à son valet de chambre pour le lendemain de grand matin, furent choses inexprimables. Il tremblait encore en parlant de tout cela ; il fut impossible de le calmer et de le décider à rester à Paris, où il se croyait perdu, et où rien au monde n’aurait pu le forcer à séjourner encore vingt-quatre heures.

On plaisanta beaucoup sur cet épisode dans la société de la duchesse d’Abrantès, car un des plai-